2022-03-05 au 2022-03-14 : Grande Traversée des Alpes

Randonnant de Modane à Aoste, la dépauteuse est

dormeuse

Ce premier jour de la troisième partie de la Grande Traversée des Alpes (GTA), la dépeauteuse s’éveille bien tard et ne prend la route pour Aussois qu’avec 45mn de retard sur les horaires prévus. Ah, mais c’est qu’elle est aussi

papoteuse

notre dépeauteuse. Celà fait bien parti de son charme, mais ralentit sa progression. D’une peau assurée, elle franchit toutefois son premier 3000 au col de Labby et laisse la dent Parrachée à sa droite. A elle les glaciers de la Vanoise ! Cette année la neige est éparse et le passage à travers les barres est difficile à trouver. Heureusement qu’elle compte en son sein une

meneuse.

Il s’agit de Claire bien sûr qui conduit ses 7 dépeauteuses avec maitrise et assurance. Mais toutes ses qualités ne suffisent pas à atteindre le refuge avant le coucher du jour, et il lui faudra terminer à la lumière de la

veilleuse.

A la lueur de sa petzleuse et d’une nouvelle lune, la dépeauteuse se régale d’un doux tapis de neige froide dans le petit goulet qui conduit au refuge de l’Arpont.

Le lendemain, elle remonte le fameux goulet, et se laisse rattraper par quelques jolis garçons qui ont aussi passé la nuit à l’Arpont (elle est un peu

voyeuse,

la dépeauteuse), et se dirige sur une croupe qui bascule au-dessus d’une belle pente lisse et bien décaillée ; là, elle ne se régale pas, elle jouit. Oh oui, c’est une

jouisseuse.

Elle se lâche, elle se godille, elle se carve, elle se tord, elle se plie (sauf une, un peu raide !), elle se courbe, elle s’éclate, elle se marre, elle s’essouffle, elle s’esbroufe, elle s’esclame, elle s’écrie… et finalement elle s’arrête. Et se repose (à son âge c’est obligé) au lieu-dit Entre Deux Eaux…

Avant de repartir, elle finit les pâtes de coing qu’une autre dépeauteuse lui a préparé et s’engage dans le magnifique vallon de la Femma.

Vue à couper le souffle sur un sommet en dentelle, elle se croit à Montmirail. Bien sûr la dépeauteuse est parfois aussi

grimpeuse.

Sur cette pente douce et sauvage, sous ce soleil glacial elle se rêve, l’été, vêtue de jaune et noir en

dérailleuse

sur son VTT. Interminable Femma… mais elle arrive, oh surprise, avant les couleurs orangées de la fin du jour.

Le soir, elle se réchauffe comme elle peut, parce que le bois est vert et ne flambe pas dans le poêle.  

Au troisième jour, elle franchit le col du Pisset, et elle se gave de joie dans la descente. Elle a du temps, le soleil est encore haut, et comme elle est un peu

joueuse

elle remet ça, et remonte le vallon pour goûter au plaisir une deuxième fois. On vous l’a dit c’est une jouisseuse.

Le refuge du Fond des Fours est occupé par la gardienne et ses deux petits gardiens, que certaine dépeauteuse aurait bien dépeautés d’ailleurs. Le refuge doit être livré par hélico le lendemain aux aurores pour la saison à venir.

La dépeauteuse-cuisinière (celle qui se plie un peu moins) se jette sur ses fourneaux, la dépeauteuse-meneuse affine l’itinéraire du lendemain et la dépeauteuse-tout-court se prépare à la nuit la plus glaciale de la traversée. Il faut qu’elle se lève plusieurs fois la nuit dans le froid et le vent, car c’est une

pisseuse.

Elle ne se recouche que pour peu de temps afin d’être partie avant l’hélico prévu à 7h. Imaginez seulement le temps qu’il faut prévoir pour garantir que Claire et ses 7 dépeauteuses soient habillées, crémées, coiffées et skis aux pieds de si bon matin. Arriver à la veilleuse, passons, mais partir à la veilleuse, alors ça non !

Le goulet descend tout doucement jusqu’aux pistes de ski de fond de Val d’Isère. C’est bien sûr une excellente

patineuse

(c’est-y pas mieux que skateuse hein ?).

Une peu de lèche vitrines (ah je vous entends d’ici, c’est une léch…, et bien non, je ne cède pas à la facilité) et elle s’attable pour un petit déjeuner gargantuesque. Elle laisse quelque traces de son passage aux toilettes, qui figurez-vous, à Val d’Isère, ne sont pas sèches, et abandonne à l’occasion quelques principes écologiques qu’elle clame d’ordinaire crânement.

Elle se ravitaille, se sandwiche (enfin, vous comprenez) et se repeaute en direction du refuge du Prarriond par les plates du Vallonet. Arrivée de bonne heure en milieu d’après-midi, elle choisit de ne pas remonter et de se reposer. Une prémonition ?

Il y a des dépeauteuses que l’oisiveté fatigue, alors imaginez l’effet que fait une pioche ou une pelle sur une des 7+1 dépeauteuses en mal d’activité. Et dépeauteuses et logeuses déblaient autour du refuge jusqu’un peu avant la nuit.

La soirée est animée par un charmant skieur qu’on ne dépeautera finalement pas en dépit de son joli minois et de ses belles fesses (un jour on écrira un article sur l’hétéropeauteur qu’il faut aboandonner à son triste sort)

Départ pour le col de la Vache qui doit la conduire au Val d’Aoste. Un petit dénivelé de 650m. La dépeauteuse est excellente

porteuse

alors, 650m pensez seulement ! La Vache elle vous la plie en un rien de temps.

Le Parc National du Grand Paradis est dégarni. On l’avait prévenu, mais la dépeauteuse n’est pas crédule. Elle s’engage, passe avec brio un premier passage un peu délicat. N’a-t-on pas déjà dit l’évidence, c’est une bonne

skieuse

Puis, elle tâtonne un peu et le trouve enfin. Lui, c’est le couloir. Il l’impressionne, l’inquiète, la questionne. Mais elle est très

courageuse.

Une à une les dépeauteuses empruntent il pericoloso couloir. La plus élégante, la plus gracieuse d’entre elles se fend de quelques virages que les autres regretteront à juste titre de n’avoir pas tentés. (Si j’étais une femme je l’épouserais cette dépeauteuse-gracieuse ; de toute façon, il parait que c’est trop tard)

650m aviez-vous entendu ? Allons, il fait toujours si beau et si chaud, la dépeauteuse se découvre, elle aime ça, et s’engage  jusqu’au col de Nivollet.

Le soleil chauffe déjà un peu moins tandis que le col découvre un lac prolongé d’un immense plateau qui, de loin déjà, semble un peu trop long pour l’heure. Une indicible tension monte un peu. Car au bout du plateau on sait qu’il faudra remonter et trouver l’unique passage à travers les barres rocheuses.

La dépeauteuse-trekkeuse ne se qualifie pas que de suffixes en « euse ». Elle sait se montrer calme, flegmatique, prudente, concentrée, critique mais soudée. Ce soir-là elle n’apprécie que mollement le coucher du soleil, pourtant époustouflant, sur le Grand Paradis.

Et soudain, bravissima Clara !!, la barre est franchie. Il fait nuit et ne reste qu’une longue pente forte, couverte par une vieille avalanche, puis une descente en forêt qui se fera finalement crampons aux pieds, mais qu’importe !

On ne vous a pas tout dit. Elle peut être tour à tour râleuse, godilleuse, frileuse, dérapeuse, rieuse, parfois même un peu chieuse mais avant tout la dépeauteuse est heureuse.

Claire et les 7 dépeauteuses

Mathilde, Sandrine, Ricou, Lolo, Benoit, Matthias, Nico

Rédacteur : NICOLAS